Les
frais mensuels de copropriété varient énormément d'un immeuble à
l'autre et plusieurs copropriétaires rouspètent lorsqu'ils augmentent.
Bon nombre, toutefois, reconnaissent qu'ils sont essentiels pour assurer
l'entretien et la pérennité de leur édifice. Tour d'horizon.
«Il
faut trouver un juste équilibre», indique Vincent Chevalier, qui s'est
impliqué pendant deux ans et demi dans le syndicat de copropriété de son
immeuble de 120 appartements, à Saint-Laurent, afin qu'il soit mieux
géré.
Les frais ont augmenté pendant la période où il s'est engagé, avec
quatre autres copropriétaires, à faire fonctionner les choses rondement
et à rattraper un certain retard. Pour son appartement de 1050 pieds
carrés, il payait 180 $ par mois, en 2008, lorsqu'il a emménagé dans un
bâtiment tout neuf. Il déboursait mensuellement 237 $ lorsqu'il a
déménagé, en juin.
«On veut que le syndicat ait les fonds nécessaires pour les dépenses de
base comme l'électricité, le gaz naturel, les assurances, le concierge
et le ramassage des poubelles, explique le jeune homme de 30 ans. C'est
bon aussi qu'une certaine somme soit réinvestie dans l'immeuble pour le
garder beau, que ce soit en peignant la réception ou en plantant des
fleurs, sans avoir à piger dans le fonds de prévoyance.»
L'immeuble où il habitait n'a pas de piscine. «Il y a une salle
d'exercice, que nous avons dû aménager à nos frais après le départ du
promoteur, précise-t-il. Cela entraîne une surveillance accrue et des
frais supplémentaires pour l'entretien de la salle et le remplacement
d'équipement brisé ou volé.»
Ayant récemment eu un bébé, sa conjointe et lui ont fait l'acquisition
d'une maison à Dollard-des-Ormeaux pour se rapprocher de leurs parents.
Les acheteurs d'appartements qu'ils ont quitté se sont intéressés à la
situation financière du syndicat de copropriété ainsi qu'au fonds de
prévoyance, a constaté Vincent Chevalier. «Si l'immeuble n'avait pas été
bien géré, la valeur de revente de mon appartement aurait souffert»,
croit-il.
De grandes variations
Les frais de copropriété, familièrement connus sous le nom de «frais de
condo», sont perçus par le syndicat de copropriété. Une partie permet
d'assurer l'entretien courant des parties communes. Une autre permet de
constituer un fonds de prévoyance pour financer les grands travaux de
rénovation et de remplacement, toujours des parties communes.
Plusieurs facteurs influencent le montant des frais de copropriété:
l'existence d'une piscine, d'une salle d'exercice, d'ascenseurs, d'une
porte de garage automatique, la présence d'un portier, etc.
«Cela dépend également du fait que le syndicat de copropriété soit
préventif ou réactif, indique André Delage, président du Regroupement
des gestionnaires et copropriétaires du Québec (RGCQ). Un entretien
régulier implique des coûts, mais si on attend qu'un problème surgisse
pour le régler, cela coûte plus cher. Lorsqu'une dépense n'a pas été
planifiée, les copropriétaires peuvent devoir verser une cotisation
spéciale, qui peut être assez élevée. Il y a beaucoup de différences
selon les copropriétés. Mieux vaut se renseigner avant d'acheter.»
M. Delage a lui-même fait le choix d'habiter dans un immeuble luxueux
comptant 137 appartements, à Pointe-Claire. Il apprécie le service de
portier, offert à toute heure du jour et de la nuit, la piscine creusée
et le sauna, les ascenseurs et le garage intérieur, ainsi que la
présence du concierge, cinq jours par semaine. L'entretien des divers
composants de l'immeuble, réalisé selon les normes, ainsi que les
salaires des portiers et du concierge ont un coût. Chaque mois, M.
Delage verse 472 $ au syndicat de copropriété (ce qui inclut la somme
allouée au fonds de prévoyance), pour son appartement de 1250 pieds
carrés. Il prévoit que la somme versée au fonds de prévoyance augmentera
encore un peu d'ici quelques années, pour pouvoir payer les importants
travaux à venir.
Président du syndicat de copropriété de son complexe depuis six ans, il
avoue que la tâche n'est pas toujours facile. «Il y a souvent des
protestations, dit-il. Cela prend une couenne assez dure pour être
fidèle à sa vision et être ferme. Mais c'est pour le bien de la
copropriété.»
Ce faisant, il protège son investissement et celui des autres.